Santé mondiale : Que retiendrons-nous de ce G7 ?
Les associations de solidarité internationale déplorent le renoncement des pays les plus riches, dont la France, à s’engager en faveur de la santé mondiale. Et se réunissent sous le "collectif Santé 2015".
Il y a cinq ans, le G8 lançait l’Initiative de Muskoka qui promettait de nouveaux fonds pour la santé des femmes et des enfants. Arrivée à échéance cette année, les Etats du G7 ont finalement décidé de ne pas la renouveler.
Pour nous, associations de solidarité internationale, cette annonce résonne comme un renoncement des pays les plus riches à s’engager en faveur de la santé mondiale. Et ce non-renouvellement d’un engagement contraignant et multi-annuel laisse craindre un retrait progressif des investissements pour la santé.
Pourtant 225 millions de femmes dans les pays en développement n’ont toujours pas accès aux services de planification familiale et près de 45% des 6,3 millions de décès d’enfants annuels sont liés à la sous-nutrition. L’arrivée à échéance de l’initiative Muskoska met en péril les progrès réalisés ces dernières années.
Alors que 100 millions de personnes basculent chaque année dans la pauvreté à cause de dépenses de santé, nous regrettons également qu’aucune mention de la couverture sanitaire universelle ne soit faite dans les conclusions du sommet. Elle est pourtant le levier indispensable au renforcement des systèmes de santé.
Aujourd’hui, il est nécessaire et urgent d’accélérer nos efforts et non de reculer.
Une trajectoire dangereuse
Depuis 4 ans la France se désengage peu à peu du terrain de la solidarité internationale. En 2014, selon l’OCDE, la France n’aura consacré que 0,36% de sa richesse nationale à l’aide publique au développement, son niveau le plus faible depuis 13 ans. La coopération en santé n’est pas épargnée. En 4 ans, les financements pour la santé sous forme de dons ont chuté de 34 %.
Les promesses non tenues sont légions : 25 millions en moins pour UNITAID, facilité d’achats permettant de réduire le prix des médicaments contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme ; 27,5 millions non déboursés à Gavi, une alliance qui permet la vaccination des enfants contre les maladies infectieuses les plus mortelles.
Qu’en sera-t-il du Fonds Mondial de lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme créé en 2000 lors du G8 d’Okinawa et dont la conférence de reconstitution des fonds est programmée l’année prochaine ? Le président de le République s'est engagé à ne pas baisser la contribution française lors de son mandat; pourtant le contexte actuel nous fait craindre la rupture de cette promesse.
Les ONG
réagissent : le "collectif santé 2015" se mobilise !
Nos organisations ont décidé de ne pas baisser les bras. La politique de réduction des dépenses publiques du gouvernement français sert de prétexte à ces coupes successives dans un budget qui représente pourtant moins de 1% du budget de la France. Les arbitrages budgétaires pour 2016 risquent d’empirer la situation et portent atteinte aux programmes que la France a elle-même initiés.
Nous ne pouvons l’accepter. Les enjeux sont trop importants. Nous avons donc décidé de nous réunir sous le « Collectif Santé 2015 » [1] et de parler d’une seule voix, afin que la France s’engage pour le financement de la santé mondiale. En cette année cruciale pour la solidarité internationale, jalonnée de rendez-vous politiques et diplomatiques décisifs, Conférence d’Addis-Abeba sur le financement du développement en juillet, Assemblée Générale des Nations Unies sur le post-2015 en septembre et COP 21 à Paris en décembre, la France doit à nouveau participer aux progrès sanitaires mondiaux et améliorer durablement la santé des populations.
Monsieur Le Président, soyez l’homme qui rende à la France son statut d’acteur majeur de la santé mondiale !