taux de prévalence contraceptive au Burkina Faso
Burkina Faso
taux de prévalence contraceptive dans la région du Sahel
grossesses sur 10 sont non désirées au Burkina Faso
Un pays qui souffre dans l'indifférence
Depuis 2016, le pays est entré dans une spirale infernale de violences. En 2020, 2 890 attaques visant la population civile et les institutions étatiques ont été comptabilisées : attentats, massacres, agressions sanglantes... Cette escalade de la violence a contraint plus d’un million de civils à fuir l’horreur, provoquant une situation d’urgence humanitaire sans précédent.
Le système de santé est fortement touché par ce climat d’insécurité. Vols et destructions d’ambulances, intimidation et kidnapping d’agents de santé sont devenus monnaies courantes au Burkina Faso entraînant un manque dramatique de médicaments, d’équipements et de personnels soignants. On estime que plus d’1,5 million de Burkinabè sont totalement privés d’accès aux soins.
Contraception et planification familiale
Le Ministère de la Santé du Burkina Faso, avec le soutien des partenaires techniques et financiers, a développé en 2017 un plan d’accélération de la planification familiale pour accélérer les efforts entrepris autour de la planification familiale et augmenter le taux de prévalence contraceptive moderne à 32% d’ici 2020.
En 2019, grâce à l’adoption de la gratuité de la planification familiale (y compris la contraception1) le taux de prévalence contraceptive au Burkina Faso est passé à 30,7% alors qu’il était à 22,5 % en 2015.
Néanmoins, au Sahel, cette prévalence reste faible (11,1% en 2015) à cause du contexte sécuritaire, mais aussi parce que les mesures de gratuité restent ciblées à deux régions et non applicables pour la région du Sahel. Les besoins non satisfaits restent énormes avec une aggravation du phénomène des violences sexuelles. La gratuité ainsi que l’intégration de la contraception d’urgence est nécessaire pour ces populations en situation de crise humanitaire.
Cadre juridique de l'avortement au Burkina Faso
Au Burkina, le cadre légal2 autorise l’avortement pour les cas de viol, d’inceste, quand la vie et la santé de la mère est en danger et quand il y a malformation du fœtus. Mais les décès liés aux grossesses non désirées et aux avortements clandestins continuent de croître. Selon une étude menée par des sages-femmes du Burkina Faso, de mai 2018 à avril 2019, les avortements clandestins représentaient 74,2% des cas de grossesses non désirées reçus alors que 3,7% des cas étaient éligibles à un avortement sécurisé. Sur le plan national, les données de Guttmacher (2013) sont toujours d’actualité : 3 grossesses sur 10 sont non désirées et 1/3 se terminent par un avortement. Selon la même source, 65% des femmes qui décident d’avorter ont moins de 24 ans. Aussi, 10% des 330 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes3, sont le fait d’avortements à risque.
Cancer du Col de l’utérus
Au Burkina Faso, le cancer du col de l’utérus est la première cause de mortalité due au cancer chez la femme (22,2%) selon l’OMS4. Il est souvent diagnostiqué au stade avancé alors qu’il s’agit du premier cancer évitable chez la femme. La plupart des personnes souffrant de cancer au Burkina Faso n’ont pas accès au dépistage, à un diagnostic précoce, au traitement ou aux soins palliatifs. L’insuffisance de la réponse est caractérisée par l’absence d’infrastructures et d’équipements spécifiques de prise en charge à l’échelle nationale. Cependant, en avril 2016, le gouvernement a instauré la mesure de gratuité de dépistage des lésions précancéreuses du col. Mais dans les faits, cette décision n’est pas appliquée par manque de moyens humains et financiers.
Notre action au Burkina Faso
Ouverture d'un programme d'urgence à Kongoussi
Pour faire face aux besoins de la population, Médecins du Monde a ouvert en 2020 un programme d’urgence à Kongoussi, au centre-nord du pays, là où il y a une rupture de soins.
Grâce à la générosité de nos donateurs, nos équipes ont pu mettre en place :
- Un appui à 4 centres de santé : consultations médicales gratuites, dépistage et traitement de la malnutrition des enfants de moins de 5 ans
- La mise en marche de 2 cliniques mobiles pour aller vers les populations les plus reculées et couvrir les besoins les plus urgents tels que la vaccination
- La distribution de matériel d’hygiène et la sensibilisation aux gestes barrières pour lutter contre la Covid-19 qui sévit également dans le pays.
En 8 mois, nous avons dispensé 20 030 consultations médicales, traité 1 540 enfants souffrant de malnutrition et distribué plus de 92 000 masques chirurgicaux.
Mais les besoins sont encore immenses dans la région et nous devons étendre nos actions dans la Boucle du Mouhoun, au nord-ouest du pays, où l’insécurité alimentaire est alarmante et la surmortalité infantile très élevée.
![]() Kongoussi |
En 2020Nous avons :
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Renforcer lES capacitéS pour Prévenir les grossesses non désirées au Burkina Faso
Présent dans le district de Djibo depuis 2010 et de Gorom-Gorom depuis 2016, Médecins du Monde a déjà obtenu la gratuité des accouchements assistés et des évacuations sanitaires. Notre association humanitaire s’attache aujourd’hui à prévenir les grossesses non désirées, en particulier chez les jeunes et adolescents (de 10 à 24 ans) et, plus globalement, à améliorer la planification familiale dans les districts sanitaires de Djibo et de Gorom-Gorom. Quinze associations communautaires sont formées pour intervenir auprès des adolescents et des leaders religieux sur ces problématiques. Dans une logique de renforcement du système de santé, les équipes soignantes bénéficient de formations en santé sexuelle et reproductive.
Les infrastructures (salles de consultation et d’accouchement) sont aussi réhabilitées et équipées pour renforcer l’offre et la qualité des soins et des espaces jeunes sont mis en place pour améliorer l’accès aux soins des jeunes et adolescents.
Les grossesses précoces ont des conséquences catastrophiques pour la mère comme pour l’enfant au Burkina Faso :
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Les risques pour la santé : c’est la première cause de mortalité chez les 15 à 19 ans, et la première cause de mortalité infantile dans le monde. Ces décès sont généralement causés par le manque de centres de santé pour suivre ces grossesses à risque, l’absence de personnel qualifié formé ou d’argent pour y accéder.
- La déscolarisation : après avoir eu un enfant, les jeunes filles ne retournent jamais ou rarement à l’école.
- La pression socio-culturelle et l’insécurité : bien souvent, les jeunes femmes sont rejetées par leur famille lorsqu’une grossesse survient hors mariage et n’est pas reconnue par le partenaire. Le déshonneur ressenti dans la famille les place dans une situation de vulnérabilité. Elles peuvent se retrouver bannies de leur communauté.
![]() Djibo |
En 2019Nous avons :
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Pour un accès à la contraception, à l'éducation complète à la sexualité et à l'avortement médicalisé
On note avec satisfaction le grand rôle joué par Médecins du Monde et ses partenaires nationaux réunis en coalition, pour la réforme du code pénal au Burkina Faso avec des acquis qui allègent les procédures d’accès à l’avortement. 2019 a été une année forte d’interpellation des instances étatiques pour l’application de conditions plus large d’accès à l’avortement selon le protocole de Maputo signé et ratifié par le Burkina Faso depuis 2006. A ce jour, plus de 275 acteurs (communautaires, autorités parlementaires et ministériels, journalistes, sages-femmes, gynécologues, jeunes) sont formés à une meilleure appropriation de ce cadre régional favorable. 2019 a également été une année de suivi des promesses pour le passage à l’échelle nationale de l’éducation complète à la sexualité débutée en 2017 avec seulement 6 régions sur 13.
Santé des femmes
Lutter contre le cancer du col de l'utérus
Médecins du Monde aide au dépistage et prise charge précoce des lésions précancéreuses du col de l'utérus chez les femmes de 25 – 55 ans.
Le cancer du col de l’utérus a une prévalence de 23% au Burkina Faso et représente 22% du taux de mortalité due aux cancers. L’accès au dépistage reste limité dans le pays du fait du manque de formation, des ruptures des intrants et consommables.
Notre ONG forme le personnel de santé du district sanitaire de Baskuy à Ouagadougou, équipe les structures sanitaires en matériels de dépistage du virus (HPV
) responsable du cancer du col de l’utérus pour une détection précoce et une prise en charge de lésions précancéreuses. MdM assiste les femmes avec des lésions cancéreuses avancées à accéder au traitement approprié voire aux soins palliatifs.
L’action s’articule autour de 3 innovations :
- le choix accordé aux femmes pour la technique du prélèvement,
- le dépistage par le test du virus responsable du cancer du col,
- l’utilisation de la thermo-coagulation pour le traitement des lésions précancéreuses.
![]() Djibo |
En 2019Nous avons :
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