Samira, coordinatrice pharmacie au Nigeria

© Thomas Flamerion

C’est ce qu’on appelle une crise oubliée. Depuis plus de dix ans, le Nigeria fait face à la violence de groupes armés qui menacent la sécurité de millions de personnes, surtout dans le nord-est du pays. C’est là que Samira Ali Hamidu coordonne l’approvisionnement en médicaments des équipes de Médecins du Monde, qui viennent en aide aux populations privées de soins.

Ce qui nous pousse à continuer, à aller de l’avant malgré les défis, ce sont les sourires sur les visages de ceux qui bénéficient du travail que nous faisons.

POURQUOI J’Y SUIS ?

Je suis diplômée en pharmacie, en gestion des risques de catastrophes, et je termine actuellement un second master en prévention et contrôle des infections. Après une première expérience comme volontaire, j’ai commencé à travailler avec Médecins du Monde à Maiduguri, dans l’État de Borno, en 2017. J’ai été impressionnée par l’impact sur les bénéficiaires des soins de santé intégrés gratuits que nous fournissons aux populations vulnérables, locales ou déplacées à cause de l’insurrection de Boko Haram.

CE QUE JE FAIS

En résumé, mon rôle est d’assurer la livraison adéquate et en temps voulu des médicaments aux bénéficiaires. J’assure la gestion globale de tous les produits et matériels pharmaceutiques nécessaires aux projets – le suivi de la chaîne d’approvisionnement, l’estimation des besoins et l’appui aux cliniques que nous soutenons dans la gestion des stocks et la qualité des prescriptions.

Les principaux défis concernent le transport, les problèmes de sécurité sur les routes qui mènent à ces zones reculées. Médecins du Monde s’en remet au transport par l’UNHAS* pour atteindre ces lieux.

La contrainte réside dans la quantité limitée de produits pharmaceutiques qui peuvent être acheminés, dans les retards de livraison et la lourdeur des procédures d’importation.

CE QUE JE RESSENS

Nous sommes tous les jours rappelés aux contextes dangereux dans lesquels nous opérons. Ce qui nous pousse à continuer, à aller de l’avant malgré les défis, ce sont les sourires sur les visages de ceux qui bénéficient du travail que nous faisons – l’enfant qui s’est remis d’un cas compliqué de paludisme, la mère qui a retrouvé son enfant, la femme qui a survécu aux violences et qui retrouve l’espoir, etc. La liste est sans fin. Nous avons récemment perdu une collègue alors qu’elle s’acquittait de ses fonctions et chaque jour, en me levant, je me rappelle la nécessité de ne pas laisser sa mort vaine, d’être humanitaire dans tous les sens du mot.