Faites un don défiscalisé avant le 31 décembre

Céline Debaulieu, référente plaidoyer réduction des risques

La réduction des risques est une approche qui questionne profondément la norme sociale pour la transformer et donner une place à ceux qui sont différents.

En avril dernier, Médecins du Monde a engagé deux contentieux pour dénoncer l’inaction de l’État en matière de réduction des risques, en particulier sur le dossier des « haltes soins addictions ». Une démarche juridique inédite en Europe, qui illustre les incompréhensions et les fantasmes suscités par ces lieux de consommation sécurisés. Référente plaidoyer en réduction des risques, Céline Debaulieu témoigne de l’efficacité de ce dispositif de santé publique qui a fait ses preuves en France et ailleurs.

Qu’est-ce qu’une « halte soins addictions » ?

Appelée auparavant « salle de consommation à moindre risque », une halte soins addictions est un espace sécurisé destiné aux personnes usagères de drogues en situation de grande précarité. Un lieu qui leur permet de consommer avec du matériel propre, d’éviter les risques de décès et de maladies mais aussi d’accéder à des services de soins et de suivi social. C’est un peu la marche manquante entre la rue et d’autres dispositifs d’accompagnement. Actuellement, il existe deux haltes soins addictions en France, à Paris et à Strasbourg, qui ont ouvert leurs portes en 2016 après un long combat pour la réduction des risques liés à la drogue. Presque dix ans après, ces lieux sont encore en expérimentation, jusqu’au 31 décembre 2025.

Ce dispositif va-t-il être pérennisé ?

Les haltes soins addictions ont largement prouvé leur efficacité. Selon l’INSERM, à Paris et Strasbourg, elles permettent d’éviter jusqu’à 69 % des overdoses, 71 % des passages aux urgences, 77 % des infections graves et de diminuer de 96 % le partage de seringues. Tous les rapports et évaluations sur le sujet, même ceux qui ont été commandés par le gouvernement, ont souligné la nécessité d’intégrer ce dispositif dans le système de santé français et d’ouvrir d’autres salles dans le pays. C’est avec l’échéance de décembre en ligne de mire que nous avons décidé de lancer deux contentieux au printemps 2024, pour donner un coup de projecteur sur la question et obliger l’État à s’emparer du dossier et à prendre ses responsabilités.

Quelle est le combat de Médecins du Monde ?

Partisans de longue date de la réduction des risques, nous soutenons les dispositifs comme les haltes soins addictions à travers des actions de plaidoyer et des démarches juridiques. Dans un climat répressif de stigmatisation des usagers de drogues, nous nous battons pour faire reconnaître la réduction des risques comme une politique de santé publique en France, en suivant une approche pragmatique : plutôt que de nier les pratiques et les besoins spécifiques des personnes, nous construisons avec elles des solutions adaptées à leurs besoins pour améliorer leur santé. C’est une approche qui questionne profondément la norme sociale pour la transformer et donner une place à ceux qui sont différents.