Violences subies pendant le parcours migratoire par les personnes ayant transité par la Libye, l’Italie et la France

Introduction

Plusieurs études ont montré qu’un pourcentage élevé de personnes migrantes souffrent des épisodes de violence dramatiques liés aux migrations, incluant des agressions physiques, torture, privation et violence sexuelle. Parmi les routes migratoires empruntées, la «route de la Méditerranée centrale» qui s’initie en Afrique subsaharienne, traverse la Libye et la Méditerranée et se poursuit en Europe est l’une des plus dangereuses. En 2017, des accords ont été signés entre l’Union européenne et la Libye et entre l’Italie et la Libye afin de réduire le nombre de personnes migrantes traversant la mer Méditerranée. Ces accords ont été récemment renouvelés.

En Europe, depuis plusieurs années, une logique sécuritaire imprègne les gouvernements devant le droit des étranger·e·s. L’Italie a affiché un durcissement de la politique d’immigration notamment vis à vis du droit de séjour et du système d’accueil des demandeurs et demandeuses d’asile. En France, la campagne des Européennes au printemps 2019 a remis le sujet dans le débat public et ravivé des positions anti-immigration, également alimentées par un climat politique national très clivé sur cette question. L’Europe des vingt-huit ne semble pas parvenir à s’accorder sur une politique commune d’accueil et le système actuel ne garantit pas une protection équitable, efficiente et efficace.

Quelques publications basées sur des recueils de témoignages et des études qualitatives ont dénoncé des épisodes de violences policières en Belgique, la situation des migrant·e·s à Calais ou à la frontière entre l’Italie et la France. Néanmoins, des données scientifiques quantitatives manquent encore dans la documentation de ces violences sur le parcours migratoire, du pays de départ jusqu’à l’Europe puis le pays d’arrivée.

Le sujet de la violence pendant le parcours migratoire a suscité un réel intérêt sur les acteurs de terrain. En effet, lors des consultations de 9 médecins, d’infirmières et de psychologues, il était courant d’objectiver des symptômes psychotraumatiques chez les patient·e.s transitant par la Libye. Les professionnel·le·s ont exprimé leur volonté de participer à cette étude et de documenter les actes de violence rapportés au cours de la consultation.

Dans ce contexte, l’objectif de l’étude était de quantifier les épisodes de violence subis, leur fréquence, l’accès aux soins de santé et le besoin de soutien psychologique ou psychosocial des migrant·e·s transitant par la Libye et reçus au seins des programmes de Médecins du Monde.