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Rapport 2024 de l'Observatoire de l'accès aux droits et aux soins

Depuis plus de 20 ans, Médecins du Monde met en lumière les inégalités d’accès à la santé pour les personnes en situation de précarité à travers l’Observatoire de l’accès aux droits et aux soins. Notre ancrage territorial et notre expérience auprès des personnes éloignées du système de santé nous permettent d’accueillir dans nos Caso (centres d’accueil, de soins et d’orientation) des milliers de personnes chaque année, mais aussi de témoigner des difficultés pour les personnes à faire valoir leur droit à la santé et à recourir aux services de prévention et de soins.

Pour 2024, nous lançons un nouveau format de rapport sous forme de baromètre qui permettra annuellement de suivre l’évolution des principaux indicateurs de l’état de santé, de l’accès aux droits et aux soins des personnes en situation de grande vulnérabilité, ainsi que des principaux déterminants impactant la santé des personnes que nos équipes reçoivent dans 14 villes en France. Dès la prochaine édition, ce baromètre sera complété par un focus thématique pour approfondir une problématique de santé ou des déterminants spécifiques et porter nos recommandations issues de l’expérience de terrain.

Cette année encore, les populations que nous rencontrons ont un état de santé dégradé, ont moins accès aux services de santé sexuelle et reproductive que la population générale, souffrent souvent d’un retard d’accès aux soins et pour beaucoup n’ont pas accès à une couverture maladie, même si elles y auraient théoriquement droit.

De nombreux déterminants sociaux de santé expliquent l’état de santé dégradé, dont :

  • La précarité économique, renforcée par les difficultés d’accès à une activité rémunérée ;
  • les conditions de vie : à la rue, en habitat précaire, instable ou insalubre ; conditions qui nuisent à la santé et entravent les parcours de soins ;
  • les obstacles pour accéder à une couverture maladie, tels que l’absence d’adresse postale, la méconnaissancedes dispositifs ou encore la complexité des démarches administratives ;
  • le cadre législatif, qui ne sécurise notamment pas les personnes en situation administrative précaire au regard du séjour.

Pour faire face à ces enjeux, une politique de santé publique, volontariste, inclusive et universelle est nécessaire. Pourtant, cette année encore nous avons été confrontés aux difficultés d’orientation dans un système de santé saturé. Nous ne pouvons que constater que les populations les plus précaires sont les premières affectées par un système de santé qui se dégrade. Lutter contre les renoncements aux soins ne peut pas passer par une simple « responsabilisation » des usagers et usagères du système de santé, mais doit se baser sur une approche de promotion de la santé qui permette à chacun et chacune d’avoir un contrôle sur sa santé, d’exercer ses droits, et sur des parcours de santé coordonnés entre les professionnels dans leur diversité.

Nous redisons qu’il y a urgence à défendre le droit et l’accès à la santé de qualité pour toutes et tous, c’est une exigence d’équité ! Pour cela, nous militons pour une politique de santé publique faisant de la santé un droit fondamental et rejetant toute forme de discrimination. En cela, l’Assurance Maladie doit être réellement universelle et totalement protectrice en refaisant sien le principe fondateur de la Sécurité sociale, « chacun donne selon ses moyens et reçoit selon ses besoins ». Et pour ce faire, la première étape est l’instauration d’une seule et même couverture maladie véritablement universelle pour toutes et tous !

Sandrine Simon, Directrice santé et plaidoyer