Nous vous avons fait part, dans notre courrier du 13 décembre, de notre indignation concernant l’annonce de la suspension des admissions au centre d’hébergement d’urgence de la caserne Faron (depuis le 5 décembre) et plus généralement au sujet du non-respect du principe d’accueil inconditionnel.
Les conséquences de cette décision
Votre décision, motivée par une volonté de diminuer la capacité d'accueil de ce lieu a eu pour résultat, contrairement aux affirmations relayées dans la presse, de laisser des personnes à la rue, en dépit de leur droit fondamental de pouvoir bénéficier d’un hébergement, quelle que soit leur situation administrative.
Ce sont des faits. Vous ne pouvez pas ignorer les signalements récurrents, plusieurs dizaines à ce jour, que nous faisons pour les personnes que nous rencontrons quotidiennement sur le terrain, avec les conséquences que cela implique sur leur état de santé tant physique que psychique. Vous ne pouvez pas ignorer le nombre de personnes, y compris des familles avec enfants, qui se présentent aux urgences de l’hôpital demandant simplement à y passer la nuit. Vous ne pouvez pas ignorer les situations de quatre femmes enceintes, dont l’une d’entre elles est quasiment à terme, pour lesquelles nos associations ont été dans l’obligation de se substituer à votre responsabilité en finançant des nuitées d’hôtel, avant qu’elles ne soient effectivement mises à l’abri. Vous ne pouvez pas ignorer la situation d’une femme isolée sans réponse d’hébergement depuis maintenant plus de 3 semaines. Vous ne pouvez pas non plus ignorer la situation des jeunes sortis de l’ASE sans accompagnement ni aucune solution d’hébergement.
C’est sans compter les personnes qui n’ont pas d’autre choix que d’être à l’abri chez des tiers dans des conditions extrêmement précaires.
Si le dispositif n’est pas saturé comme vous l’affirmez, pourquoi laissez-vous des personnes à la rue ?
Respecter la dignité et les droits fondamentaux
En outre, s’il est inacceptable pour les associations de solidarité de voir des personnes vulnérables sans hébergement, nous constatons aussi que cette situation est intenable pour les travailleurs sociaux et écoutants du 115 qui doivent faire comprendre aux personnes qu’elles n’ont pas d’autre solution que la rue.
Vous dites que nous sommes dans « un rôle militant et revendicatif ». Si être militant, c’est faire respecter la dignité et les droits fondamentaux des personnes, oui, nous sommes militants. Il s’agit là d’application du cadre légal du Code de l’Action Sociale et des Familles. Nous revendiquons ainsi le caractère inconditionnel du droit à l’hébergement d’urgence consacré par la loi.
Nous revendiquons le caractère inconditionnel du droit à l’hébergement d’urgence consacré par la loi.
Nous voulons croire, qu’au-delà de toutes considérations, vous saurez apporter rapidement des solutions concrètes et pérennes, avec des moyens adéquats correspondant aux besoins et à la réalité du terrain. Nous nous tenons à votre disposition pour échanger avec bienveillance sur les situations d’urgence ainsi décrites.
Veuillez agréer, Monsieur le Préfet, Madame la Secrétaire Générale, Monsieur le Directeur Départemental de la Cohésion Sociale, l’expression de nos salutations respectueuses.