Le printemps a été particulièrement difficile pour les personnes à la rue avec la mise en place dans plusieurs départements de critères sélectifs d’accès à l’hébergement des familles à l’hôtel provoquant des ruptures de prise en charge, ainsi que la remise à la rue massive des personnes liée à la fermeture des places hivernales. Cette gestion au « thermomètre » de l’hébergement, que les associations dénoncent depuis des années, entraîne une dégradation inquiétante de la situation sociale et de l’état de santé physique et psychique des personnes vivant à la rue.
La gestion au thermomètre entraîne une dégradation inquiétante de la situation sociale et de l’état de santé physique et psychique des personnes vivant à la rue.
Ces personnes sont exposées à des conditions de vie extrêmement difficiles et à un environnement quotidien dégradé, qui entraînent des problèmes de santé importants. S’ajoute à ces constats un nombre de ménages expulsés de leur domicile inégalé (15 547 ménages expulsés en 2017, soit une progression de +156% en 16 ans). Cette situation dramatique a conduit le collectif des associations unies à demander une rencontre avec le 1er Ministre dès le début de l’été.
Un plan national avec des solutions dignes et durables
Le C.A.U. attend du 1er Ministre la mise en œuvre d’un plan national proposant des solutions dignes et durables pour toutes les personnes à la rue :
L’éradication du sans-abrisme exige un engagement fort de l’Etat, des collectivités locales et de tous les acteurs du logement, pour produire et mobiliser des logements et des hébergements pérennes accessibles à tous les ménages les plus modestes. Cet effort implique un engagement national interministériel, décliné dans l’ensemble des territoires.
L’augmentation du budget alloué à l’hébergement et au logement accompagné (1,94 milliards d’euros prévus pour 2019) est positive, mais ce budget masque un plan d’économie drastique imposé aux Centres d’Hébergement et de Réinsertion Sociale (- 13,4 millions d’€ en 2019 après une coupe de 20 millions en 2018), qui sont pourtant les centres les plus qualitatifs proposant aux personnes un accompagnement social dans la durée.
Un budget qui masque un plan d’économie drastique imposé aux Centres d’Hébergement et de Réinsertion Sociale
De même, les économies budgétaires sans précédent faites sur le logement social pour les trois ans à venir auront nécessairement un impact très négatif sur la production neuve, la rénovation des logements et les services rendus aux locataires les plus en difficulté. La baisse de 5 euros par mois des APL, leur gel en 2018 et leur désindexation prévue pour 2019 et 2020 fragilisent par ailleurs encore davantage les ménages pauvres et modestes qui rencontrent des difficultés pour accéder ou se maintenir dans leur logement. Enfin, la réduction du nombre de personne sans domicile passe également par l’octroi d’un titre de séjour permettant l’accès au logement et à l’emploi des personnes et familles « bloquées » dans l’hébergement pour des raisons administratives.
Vers un respect de la dignité des conditions d'accueil
Les associations constatent la multiplication sur les territoires des solutions temporaires et précaires de mise à l’abri (gymnases, salles collective, haltes de nuit….) qui se substituent à l’hébergement pérenne et dégradent les conditions d’accueil et d’accompagnement des personnes les plus fragiles.
Dans ce contexte, le Collectif des Associations Unies demande au gouvernement de respecter l’inconditionnalité de l’accueil, c’est-à-dire un accueil digne, sans discrimination entre les plus démunis, et sa continuité jusqu’à ce qu’une solution pérenne soit proposée. Cela passe par la pérennisation de plusieurs milliers de places d’hébergement au sortir de l’hiver (qui n’est pourtant pas prévue dans la loi de finances) afin d’éviter les remises à la rue au printemps, et surtout par l’orientation prioritaire des personnes vers le logement, avec un accompagnement lorsque cela est nécessaire. Ensemble, les 36 associations qui composent le collectif continueront à défendre ces principes, sans lesquels la politique du « Logement d’Abord » promue par le gouvernement ne pourra être réellement mise en œuvre.