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En cours de lecture Action internationale pour protéger les civils à Rafah : il sera bientôt trop tard
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Action internationale pour protéger les civils à Rafah : il sera bientôt trop tard

Articles 03.04.2024

© Abed Zagout - Anadolu via AFP

Il y a une semaine, le Conseil de sécurité de l’ONU adoptait une résolution exigeant un cessez-le-feu immédiat, et quelques jours après, la Cour internationale de justice (CIJ) indiquait deux mesures additionnelles conservatoires dans le cadre de la plainte pour génocide déposée contre Israël par l’Afrique du Sud. Alors que les attaques s’intensifient, 13 organisations humanitaires et de droits humains lancent l’alerte ; les États doivent agir sans plus attendre afin de garantir l’application de cette résolution et empêcher la perpétration de crimes atroces à Rafah.

La semaine dernière, le gouvernement israélien a clairement exprimé son intention d’étendre les opérations militaires à Rafah, faisant fi de la résolution juridiquement contraignante du Conseil de sécurité des Nations unies exigeant un cessez-le-feu immédiat. La semaine dernière, ce scénario s’est déroulé sous nos yeux : des bombardements israéliens à Rafah ont tué au moins 31 personnes, dont 14 enfants en seulement deux jours, les 26 et 27 mars. Les organisations humanitaires et de droits humains avaient déjà tiré la sonnette d’alarme ; l’offensive terrestre de l’armée israélienne à Rafah aura pour conséquence de décimer les populations et de couper toute aide vitale pour plus de 1,3 million de civils, dont au moins 610 000 enfants, qui se trouvent désormais en ligne de mire directe.

Il n’existe aucun plan d’évacuation réalisable, ni aucune condition pouvant permettre de protéger les civils si l’offensive terrestre progresse. Pour respecter l’interdiction absolue du transfert forcé et de l’expulsion des civils en vertu du droit international humanitaire, Israël est tenu de mettre en place « toutes les mesures possibles » pour fournir aux civils évacués les produits indispensables à leur survie, et leur garantir un retour sur le territoire dans des conditions dignes et sécurisées une fois les hostilités terminées. Pour ce faire, il est essentiel de garantir une sécurité et une protection adaptées, de fournir des abris, de l’eau, des installations sanitaires, des soins de santé et de l’alimentation. À ce jour, aucun endroit de la sorte n’existe à Gaza. Les bombardements israéliens dans la bande de Gaza et les six mois d’hostilités ont endommagé ou détruit plus de 60 % des logements, et ont réduit à néant la plupart des infrastructures dans le nord et le centre de la bande de Gaza.

Les habitants de Gaza n’ont nulle part où se réfugier. Les forces israéliennes ont attaqué à plusieurs reprises des zones qu’elles déclaraient auparavant « sécurisées ». Les frappes aériennes sur la zone sécurisée d’Al-Mawasi et aux alentours ont tué au moins 28 personnes. Les forces terrestres israéliennes avaient déjà envahi et occupé la partie nord de la région. Bien que les organisations humanitaires indiquent aux forces israéliennes l’emplacement de leur personnel et les lieux où se déroulent les opérations d’aide, elles continuent d’être attaquées. Des travailleurs humanitaires ont été tués, des convois d’aide ont été pris pour cible par l’armée israélienne, et des abris et des hôpitaux appuyés par la communauté humanitaire ont été endommagés ou détruits par les bombardements. Les nouvelles propositions du gouvernement israélien visant à regrouper les civils dans des « îlots humanitaires » risquent de créer une illusion de sécurité, en entassant la population civile dans de petites zones restreintes et sous-équipées, où ils risquent d’être la cible d’attaques, qu’ils soient à l’intérieur ou à l’extérieur de ces « îlots ».

Il n’existe aucun endroit à Gaza où la population puisse avoir accès à une aide suffisante et à des services qui lui permettraient de survivre. À Rafah, les services et les infrastructures essentiels ne fonctionnent que partiellement, y compris les hôpitaux surchargés, les boulangeries, les installations hydrauliques et d’assainissement. Le centre et le nord de Gaza ont été décimés ; des systèmes, des infrastructures et des quartiers entiers ont été rayés de la carte, et les restrictions sur l’entrée des organisations et de l’aide humanitaire se poursuivent. Si les opérations militaires israéliennes à Rafah s’intensifient, cela engendrerait des conséquences catastrophiques pour la réponse humanitaire déjà presque paralysée dans la bande de Gaza. En effet, la plupart de la coordination de l’aide ainsi que des infrastructures sont basées à Rafah depuis leur mise en place en octobre 2023.

Tous les États ont pour obligation de protéger les populations contre ces atrocités. Les enfants et les familles à Rafah vivent à chaque instant dans la peur et le danger. Le gouvernement israélien a déclaré vouloir étendre ses opérations militaires jusqu’à Rafah. Ce risque augmente depuis le 31 mars, lorsque le cabinet de guerre israélien a approuvé des plans pour mener des opérations terrestres dans le gouvernorat le plus au sud. Alors que certains États ont dénoncé publiquement cette décision, les pressions et déclarations internationales diplomatiques n’ont jusqu’à présent pas suffit à obtenir des résultats et empêcher l’offensive. Toutefois, les États disposent d’une série de mesures de protection et sont tenus de respecter et faire respecter le droit international humanitaire et les droits humains, comme cela a été démontré lors d’autres crises impliquant la protection des civils.

Les États doivent agir sans plus attendre pour garantir l’application immédiate d’un cessez-le-feu permanent ; ils doivent étudier toutes les options disponibles afin de protéger les civils conformément au droit international humanitaire et aux droits humains. Il s’agit notamment de l’arrêt immédiat des transferts d’armes, de pièces détachées et de munitions pouvant être utilisées pour commettre ou permettre toute violation du droit international humanitaire ou des droits humains. Faute de quoi, l’échec et le manquement aux obligations morales, juridiques et humanitaires sont inévitables.

 

 

 

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Amnesty International

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