Plusieurs organisations teintent de rouge sang le bassin de la fontaine des Innocents à Paris pour dénoncer les massacres à Gaza et exiger une réponse ferme de la France
28.05.2025

© © Robin Jehl / Greenpeace
Ce matin, Greenpeace France, Oxfam France, Amnesty International France, Médecins du Monde et Ekō ont mené une action symbolique au cœur de la capitale versant plusieurs litres de colorant alimentaire rouge dans le bassin de la fontaine des Innocents, dans le quartier des Halles à Paris. Cette opération vise à dénoncer la lenteur d’action de la France face à l’urgence humanitaire absolue dans laquelle se trouve la population de Gaza aujourd’hui.
« GAZA : STOP AU BAIN DE SANG »
MACRON DOIT (ENFIN) AGIR et CESSEZ-LE-FEU en soutien à la population gazaouie.
« L’ampleur des souffrances humaines à Gaza au cours des 20 derniers mois est inimaginable. C’est une conséquence directe du génocide perpétré actuellement par Israël. Hormis un bref répit pendant la trêve provisoire, Israël s’est acharné à transformer Gaza en un enfer de mort et de destruction. Les Etats qui ont de l’influence sur Israël doivent agir maintenant : faire pression pour un cessez-lefeu immédiat et durable, mettre en œuvre un embargo complet sur les armes, soutenir les procédures judiciaires en cours y compris en coopérant avec la CPI et en mettant en œuvre les décisions de la Cour internationale de justice. Enfin, la France doit œuvrer pour obtenir la révision de l’accord d’association Union européenne-Israël. On ne peut plus attendre ! Il faut mettre fin au génocide, l’inaction tue » déclare Anne Savinel-Barras, présidente d’Amnesty International France.
« La France ne peut pas se limiter à de simples condamnations verbales. Emmanuel Macron doit faire preuve de fermeté et s’assurer du soutien de la communauté internationale pour que cesse le blocus illégal de la bande de Gaza. S’ajoutant à une campagne de bombardements indiscriminée qui s’intensifie, le blocus illégal mis en place par Israël début mars affame la population de Gaza, la prive d’eau, de médicaments et de fournitures essentielles. À Gaza, la faim et la limitation de l’accès à l’eau sont utilisées comme arme de guerre, ce qui constitue un crime de guerre. La souffrance infligée à la population est insoutenable. Cela ne peut plus durer ! », déclare Cécile Duflot, directrice générale d’Oxfam France.
« Quand 48 palettes Médecins du Monde remplies de médicaments et d’équipements médicaux demeurent bloquées aux frontières d’un territoire assiégé, où chaque jour menace de devenir le dernier pour des millions de civils, et que la faim elle-même est utilisée comme arme de guerre, nous ne parlons plus d’une crise humanitaire — mais d’un abandon délibéré de la population palestinienne. Ce qui se joue à Gaza est une tragédie orchestrée. Il est plus que temps que les États tiers assument leurs responsabilités et exercent une pression réelle sur Israël pour mettre un terme à ce massacre, avant que la bande de Gaza ne soit réduite au silence par l’anéantissement de sa population », déclare Jean-François Corty, Président de Médecins du Monde.
« L’opinion bascule face au génocide, à l’apartheid et à l’occupation que subissent les Palestinens. Les Français, et en particulier les jeunes, nous montrent la voie. Selon notre récent sondage commandé à YouGov, 66 % des Français ayant exprimé une opinion estiment que la France doit appeler l’UE à suspendre l’accord de libre-échange avec Israël. Emmanuel Macron lui-même a reconnu qu’il fallait accentuer la pression – mais alors que Gaza sombre dans l’indicible, on ne peut pas se contenter de promesses creuses. Il faut des actes concrets et rapides. La suspension de l’accord commercial est une mesure simple mais puissante, qui pourrait contribuer à mettre fin aux massacres et à l’impunité dont bénéficie Israël. Plus de 140 000 personnes ont signé la pétition d’Ekō en ce sens », déclare Nabil Berbour, directeur de campagne chez Ekō.
« Ce à quoi nous assistons n’est pas seulement un échec politique, c’est un échec moral. Si la communauté internationale continue à rester les bras croisés sans prendre de mesures concrètes alors que les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité s’accumulent, elle devra répondre de son aide et de sa complicité dans un génocide. Nous demandons à Emmanuel Macron qu’il agisse avec courage, clarté et détermination pour mettre un terme à ce bain de sang. Nous demandons également au gouvernement de renoncer à la dissolution d’Urgence Palestine, une décision liberticide et politique, alors que cette organisation œuvre pour les droits de la population palestinienne et la paix en Palestine », déclare Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France.
Les demandes des associations :
- Un cessez-le-feu immédiat, définitif et durable ;
- la fin du blocus illégal afin de permettre l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire et sa distribution en toute sécurité dans l’ensemble de la bande de Gaza ;
- la facilitation du travail d’assistance à la population de Gaza des agences des Nations unies et des organisations humanitaires, la proposition israélienne de créer des hubs militarisés en remplacement du système existant de distribution de l’aide est inacceptable et contraire aux principes du droit international humanitaire ;
- la libération immédiate et sans conditions de tous les otages et de tous les prisonniers palestiniens ; l’adoption d’un embargo sur les armes à destination d’Israël.
Gaza reste soumise à un siège quasi total imposé par Israël. Depuis 19 mois, la population de Gaza subit des bombardements incessants, qui ont déjà causé près de 53 000 morts, majoritairement des civils, mais également des déplacements forcés. 2 millions de personnes sont au bord de la famine et 470 000 sont déjà au plus haut niveau de crise de la faim, selon la dernière analyse de la phase de classification intégrée de la sécurité alimentaire (IPC). 65 000 enfants sont hospitalisés pour malnutrition sévère.
Après plus de 12 semaines de fermeture totale et sous la pression de la communauté internationale, les autorités israéliennes ont décidé, à partir du 21 mai, d’ouvrir le point de passage de Kerem Shalom pour permettre à l’aide humanitaire d’entrer au compte-gouttes dans la bande de Gaza. Depuis lors, environ 90 à 120 camions par jour sont entrés à Gaza, soit à peine 15 à 20 % des 600 camions qui passaient quotidiennement pendant le cessez-le- feu, et bien moins que la moyenne d’avant-guerre. Israël n’autorise actuellement que l’entrée de produits nutritionnels, de certains ingrédients alimentaires de base et de certaines fournitures médicales. C’est d’abord l’assistance des agences de l’ONU qui est privilégiée. Le carburant, le gaz de cuisine, les aliments frais, les produits d’hygiène, les produits chimiques de purification de l’eau, les matériaux de construction et de réparation restent interdits d’entrée, et ce depuis maintenant plus de 80 jours. Ce volume limité est loin d’être suffisant pour répondre à l’ampleur et à l’étendue des besoins des 2,1 millions d’habitants de Gaza.
Le point de passage de Rafah est toujours fermé après la prise de la zone par Israël et le refus de l’Égypte de le rouvrir en l’absence d’une autorité palestinienne opérationnelle du côté de Gaza, ce qui coupe une artère humanitaire essentielle.