À Gaza, la famine décime civils et personnels humanitaires
22.07.2025

© DAWOUD ABO ALKAS / ANADOLU via AFP
Plus de 100 organisations tirent la sonnette d'alarme pour que l'aide humanitaire puisse être acheminée.
Alors que le siège du gouvernement Israélien affame la population de Gaza, les personnels humanitaires rejoignent les mêmes files d’attente pour quelques denrées alimentaires, risquant leur vie pour nourrir leur famille. Les stocks sont désormais épuisés. Sur le terrain, les ONG voient leur personnel et leurs partenaires dépérir sous leurs yeux.
Deux mois après le lancement de la Fondation humanitaire de Gaza — une organisation placée sous le contrôle du gouvernement israélien — plus de 100 organisations exhortent la communauté internationale à agir. Elles demandent la réouverture immédiate de tous les points de passage terrestres. Elles exigent le rétablissement de l’acheminement de nourriture, d’eau potable, de médicaments, d’abris et de carburant par le biais d’un mécanisme humanitaire fondé sur les principes du droit international et dirigé par les Nations unies. Les organisations réclament également la fin du siège, ainsi qu’un cessez-le-feu immédiat.
Chaque matin, la même question résonne dans Gaza : vais-je manger aujourd’hui ?
Les distributions alimentaires virent au massacre presque quotidiennement. Au 13 juillet, l’ONU a confirmé que 875 Palestiniens avaient été tués alors qu’ils tentaient de se procurer de la nourriture, 201 d’entre eux sont morts en chemin vers les sites de distributions, et les autres directement sur place. Des milliers de personnes ont été blessés.
Parallèlement, les forces israéliennes ont déplacées de force près de deux millions de Palestiniens. Le 20 juillet, un nouvel ordre d’évacuation a confiné la population palestinienne sur moins de 12 % du territoire de Gaza. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a déclaré que les conditions actuelles rendent les opérations intenables. L’instrumentalisation de la famine constitue un crime de guerre.
Pourtant, des tonnes d’articles de première nécessité — nourriture, eau, médicaments, abris, carburant — restent bloqués dans des entrepôts, à l’extérieur comme à l’intérieur de Gaza, sans que les organisations humanitaires puissent y accéder et les distribuer. Les restrictions imposées par le gouvernement d’Israël ont plongé le territoire dans le chaos, la famine et la mort. Un travailleur humanitaire chargé de soutien psychosocial évoque les conséquences dévastatrices sur les enfants : « Les enfants disent à leurs parents qu’ils veulent aller au paradis, car là-bas au moins, il y a à manger. »
Les médecins constatent des niveaux records de malnutrition aiguë, notamment chez les enfants et les personnes âgées. Les maladies telles que les diarrhées hydriques prolifèrent, et les marchés sont vides. Les déchets s’accumulent, et des adultes s’effondrent de faim et de soif dans les rues. En moyenne, seulement 28 camions d’aide entrent chaque jour à Gaza ; ce chiffre est bien trop insuffisant pour subvenir aux besoins de plus de deux millions de personnes. Nombre d’entre eux n’ont reçu aucune aide depuis des semaines.
Le système humanitaire international dirigé par l’ONU n’a pas échoué ; son fonctionnement est empêché.
Les organisations humanitaires ont les ressources pour intervenir à grande échelle, mais l’accès leur est refusé. Nous ne pouvons venir en aide ni aux populations, ni à nos équipes épuisées et affamées.
Le 10 juillet, l’Union européenne et Israël ont annoncé des mesures pour intensifier l’aide. Mais sur le terrain, aucun changement réel n’est constaté. Chaque jour sans aide humanitaire adéquate se traduit par des pertes en vies humaines. Des enfants succombent dans l’attente de promesses qui demeurent sans effet.
Pour les Palestiniens et les Palestiniennes, l’attente de l’aide et d’un cessez-le-feu se transforme en cycle interminable d’espoir et de désespoir, pour toujours se réveiller dans des conditions qui empirent. Il ne s’agit pas seulement d’une souffrance physique, mais également psychologique. Survivre est devenu presque impossible. Le système humanitaire ne peut pas fonctionner sur de fausses promesses. Les humanitaires ne peuvent pas travailler dans l’incertitude, ni dépendre d’engagements politiques qui échouent sans arrêt.
Les gouvernements doivent cesser d’attendre la permission d’agir. Nous ne pouvons plus espérer que les dispositions actuelles fonctionnent. Il est impératif d’exiger un cessez-le-feu immédiat et permanent, de lever toutes les restrictions administratives et de rouvrir les points de passage. Il est essentiel de garantir un accès complet à toute la bande de Gaza et de mettre un terme à la distribution militarisée. Il faut restaurer une réponse humanitaire selon les principes, dirigée par l’ONU, et financer des organisations impartiales et indépendantes. Les États doivent prendre des mesures concrètes pour mettre fin au siège, notamment en cessant le transfert d’armes et de munitions.
Les actions symboliques, telles que les largages aériens ou les accords pour la délivrance d’une aide marginale demeurent insuffisantes. Les États portent une responsabilité morale et juridique de protection des civils palestiniens et doivent garantir un accès humanitaire à grande échelle.
Il est encore temps d’agir pour sauver des vies avant qu’il n’y ait plus personne à sauver.