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La surenchère sécuritaire à l’encontre des personnes exilées met en péril l’inconditionnalité des soins

  • La surenchère sécuritaire à l’encontre des personnes exilées met en péril l’inconditionnalité des soins

Nous sommes soignant.es, professionel.le.s de la santé, engagé.es comme bénévoles ou professionnels du public ou du privé. A travers nos missions de soin et d’accueil, nous sommes les premiers témoins des difficultés d’accès à la santé des personnes exilées et de la détérioration de leurs conditions de vie. Au plus près des personnes, dès leur entrée sur le territoire à la frontière franco-italienne, à Paris, à Dunkerque nous nous retrouvons entravé.es dans notre mission médicale auprès des patient.es en situation d’exil.

 

A Briançon, dans les Hautes Alpes, les refoulements illégaux ont largement repris depuis novembre 2024. Au sein du poste de la police aux frontières, les entretiens expéditifs ne permettant pas de s’exprimer en faveur d’une demande d’asile et la non prise en compte des vulnérabilités individuelles poussent les personnes à changer d’itinéraire en passant par la montagne. C’est par ces chemins détournés, toujours plus dangereux, de nuit, et par des températures négatives l’hiver qu’elles ou ils tentent d’éviter les forces de l’ordre. Course poursuite par les forces de l’ordre et mise en danger, épuisement suite à une traversée éprouvante, entorses, risques d’hypothermie, de gelure et de décès sont les conséquences de cette politique de refoulement pour les personnes exilées. Une énième frontière à franchir qui peut créer du stress et renforcer une détresse psychique chez des personnes déjà éprouvées par leur parcours. Contrôles d’identités répétées, intimidations, filature, extraction de personnes exilées de véhicules, sont les moyens de dissuader les solidaires de mener à bien leur mission de mise à l’abri, de prévention des risques en montagne et d’exprimer leur solidarité élémentaire.

Ensuite, d’autres villes, Paris souvent. Dans la capitale et sa région, toutes les personnes qui arrivent sont condamnées au sans-abrisme. Depuis quelques années le nombre de familles et d’enfants en bas-âge à la rue explose ainsi que le nombre de mineurs non accompagnés laissés à l’abandon par les autorités, y compris lorsqu’elles sont demandeuses d’asile et même titulaires d’un statut de réfugié. Hommes isolés, familles et mineurs se retrouvent donc contraints de former des campements de fortunes. Les conditions de vie y sont extrêmement nocives pour leur santé et favorables au développement de toutes les pathologies de la grande précarité.

La survie à la rue et les différents obstacles administratifs à leur intégration sont sources d’angoisses, de stress et de souffrances psychiques, aggravés par le harcèlement des forces de l’ordre. Après les violences du départ et du parcours migratoire vient s’ajouter celle des politiques qui maltraitent les personnes exilées en France. Le cycle infernal de démantèlements de ces campements est devenu un facteur d’errance majeur pour ces personnes à qui un message est envoyé : “vous n’êtes pas les bienvenus”.
Le Nord littoral pour entrevoir les côtes du Royaume-Uni. Dunkerque, Calais, pour survivre dans des conditions précaires. Les journées sont rythmées par les destructions des campements toutes les quarante-huit heures. Au cours de ces interventions policières parfois violentes, les maigres biens des personnes exilées sont enlevés et leurs documents parfois perdus. Le quotidien est également dominé par l’attente. L’attente des associations qui tentent de répondre aux besoins les plus basiques. L’autre attente est celle d’une fenêtre de passage : une mer perçue comme calme pour au péril de leur vie prendre le risque de traverser la Manche sur une embarcation gonflable surchargée.

Les blocs de béton et les barbelés, érigés en tout lieu où les personnes exilées tentent de s’installer, sont autant de symboles de l’hostilité des autorités françaises à leur égard. Ni les murs, ni les conditions de vie indignes, ni la répression policière, ni les risques de la traversée de la Manche ne dissuadent les personnes exilées, poussées par la nécessité et l’urgence de fuir des situations critiques. En revanche, tous ces dispositifs font violence et ont un impact délétère sur la santé des personnes que nous accompagnons, physique comme psychique.

 

Dans ce ‘contiguum’ d’espaces de soins sur le territoire français, nous documentons les facteurs de dégradation de l’état de santé liés aux politiques publiques : le peu d’accès à l’hébergement d’urgence et au logement, la violence et les expulsions continues des campements, l’éloignement des personnes des structures de santé de droit commun, les violations des droits.

Dans ce contexte politique qui ne cesse de se dégrader, nous soignant.es réaffirmons solennellement notre serment, notre engagement :

 

Au plus proche des personnes, en montagne, dans des campements indignes, dans leurs lieux de survie nous continuerons à nous rendre pour réduire les risques physiques et psychiques liés à ces politiques ;

Nous rapprocherons inlassablement les personnes des structures de droit commun pour qu’elles puissent faire valoir leur droit ;

Nous défendrons des politiques de santé publiques qui prennent en compte tous les déterminants de santé, réduisent les inégalités et font de la santé un droit fondamental ;

Nous porterons un discours haut et fort pour contrer les paroles xénophobes et décomplexées à l’endroit des personnes migrantes ;

Nous soignerons toute personne dans la dignité, sans distinction.