Des reponses pour lutter contre les violences liées au genre

En matière de violences liées au genre, les statistiques sont éloquentes : une femme sur trois dans le monde a été battue, contrainte d’avoir des rapports sexuels ou a subi d’autres formes de sévices au cours de sa vie. En 2008, en France, 156 femmes sont décédées victimes de leur compagnon ou ex-compagnon.

Le phénomène est multiforme et recouvre de nombreuses formes de violences, telles que les mutilations génitales, les avortements sélectifs, les infanticides, le viol utilisé comme arme de guerre, les coups et blessures, les pressions psychologiques, le refus de l’accès aux soins ou les discriminations sociales et économiques. Ces violences constituent le lot pour des millions de femmes (et parfois d’hommes) à travers le monde. Cette violence peut être perpétrée dans divers contextes, en situation de conflit armé ou non, au sein de la famille, d’un groupe social, ou même au niveau institutionnel. Si la prévalence du phénomène est incontestable et affecte en majorité les femmes, il est important de souligner que les hommes peuvent aussi faire l’objet de violence. Problème universel recouvrant des réalités diverses, le phénomène constitue une incontestable violation des droits de l’Homme et représente un problème majeur de santé publique. Fort de son expérience de terrain et conscient des enjeux que cette problématique représente, Médecins du Monde a mis en place une stratégie d’actions globale et intégrée au sein de ses programmes en France et à l’international visant à combattre ces violences. Depuis 2007, avec le soutien de l’AFD (Agence Française de Développement) et du Ministère des Affaires Etrangères et Européennes, Médecins du Monde a fait de la lutte contre les violences liées au genre une de ses priorités dans le cadre d’activités transversales. 11 pays particulièrement touchés par ce phénomène (Algérie, Egypte, RDC (Goma et Kinshasa), Guatemala, Haïti, Libéria, Moldavie, Nicaragua, Niger, Pakistan, Pérou) ont été intégrés à un programme international de 3 ans, qui a permis des avancées concrètes en matière de prévention et de prise en charge des victimes. La mise en œuvre d’une approche pluridisciplinaire et le développement de réseaux de partenaires (acteurs de la société civile, autorités étatiques et ONG locales), a permis d’élargir le champ d’action de MdM et de favoriser une amélioration des pratiques sur le terrain. Face à la complexité des mécanismes qui sous-tendent les diverses formes de violence, cette approche a aussi permis à MdM d’aller au-delà du soin. Aborder la question de l’impunité, mesurer l’importance du certificat médical avec des experts en médecine légale, prendre en compte les déterminants socioculturels pour une prise en charge « globale » des victimes sont des démarches que nous avons pu valoriser grâce à la mise en place ou au développement de réseaux de référence, dans chaque contexte d’intervention. A travers des réflexions juridiques, médicales, anthropologiques, sociales et des expériences positives d’acteurs de terrain, ce colloque avait pour objectif de mettre en lumière non seulement les défis associés à la lutte contre les violences liées au genre mais aussi les stratégies d’actions possibles. Le regard croisé de nos partenaires algériens, congolais, guatémaltèques, haïtiens, nicaraguayens et pakistanais, permet aujourd’hui d’échanger sur la prise en charge pluridisciplinaire, la prise en compte des déterminants socioculturels, ainsi que la lutte contre l’impunité.